Agile

Méthodes Agiles : Scrum, Kanban, Lean, SAFe… Halte au mélange des genres !

Par Fiona MARTIN

Publié le 14 septembre 2023

A la recherche de la meilleure méthode pour votre entreprise !

Sauriez-vous travailler avec une personne qui ne jure que par Kanban ? A quels types de discussions pouvez-vous vous attendre avec un expert Lean ? Et comment savoir si vous avez besoin d’un management de projet Scrum ou SAFe ? Faisons un point de vocabulaire sur ces concepts associés, parfois à tort, aux méthodes Agiles !

Scrum : La méthode Agile la plus connue

De quoi s’agit-il ?

Difficile de parler d’approche Agile sans aborder Scrum. Et pour cause : il s’agit de l’un des frameworks Agile les plus plébiscités par les entreprises pour développer des produits à forte valeur ajoutée, dans une limite de temps optimisée !

Le framework Agile Scrum s’appuie sur une démarche itérative et incrémentale pour développer un produit :

  • Itérative, car le travail des équipe s’organise en cycles d’une durée fixe (de 2 à 4 semaines) appelés Sprints. Au cours d’un sprint, l’équipe va réaliser, et tester un ensemble de fonctionnalités. L’ensemble des parties prenantes au projet les définissent en amont.
  • Incrémentale, car le développement Scrum repose sur un principe d’amélioration continue du produit en cours de développement. Chaque Sprint ajoute un nouvel élément au produit livré au cours du précédent sprint. Ainsi, chaque sprint améliore l’existant en fonction de retours de tests utilisateurs.

Ce sont le Product Owner et un Scrum master qui animent le framework Scrum. Néanmoins, il n’y a pas de relation au sein d’un projet Scrum. En effet, chaque participant au projet est considéré comme un expert et porte une responsabilité à part égale dans le maintien de l’efficacité de la méthode Agile Scrum et dans le succès du projet. Chaque décision est le fruit d’un consensus. Et chacun peut et doit exprimer ses idées pour résoudre une difficulté ou améliorer le produit, mais aussi ses objections aux propositions avancées par les autres.

Plusieurs cérémonies rythment les projets Scrum afin d’assurer le suivi de la progression du projet et de prendre des décisions avec l’ensemble de l’équipe (daily scrum, sprint planning, sprint review et sprint retrospective) et ce, jusqu’à la livraison finale du produit.

Bon à savoir

Le framework Agile Scrum est essentiellement centré sur la phase de réalisation d’un produit ou d’un service. La façon dont le produit s’inscrit dans l’organisation de l’entreprise, l’intérêt et les moyens ne sont pas des éléments considérés comme déterminants dans la bonne mise en œuvre de Scrum.

Par ailleurs,  il est à noter que Scrum fonctionne de façon optimale avec des équipes de production réduites : 10 personnes maximum. Product Owner et Scrum master inclus s’ils ont des tâches attribuées dans le Sprint Backlog.

Kanban : le management de projet visuel

De quoi s’agit-il ?

Lorsqu’on parle de Kanban, la première image qui vient à l’esprit est son outil de management de production.  Le fameux tableau Kanban avec ses petits post-it, réels ou virtuels. Dans les faits, il s’agit d’une méthode Agile de management de projet issu de la pensée Lean, qui met l’accent sur la flexibilité d’une équipe à répondre rapidement à de nouvelles demandes d’un commanditaire et à livrer en flux continu.

Pour ce faire, Kanban repose sur 3 principes clés :

  • La visualisation des tâches en cours dans le flux de travail, le fameux tableau de Kanban. Traditionnellement, celui-ci présente quatre colonnes A faire, En cours, Terminé et Bloqué. Les lignes du tableau correspondent aux flux de travail (par exemple une fonctionnalité à développer dans un projet ou bien un projet à part entière), auxquels sont attribués des tâches. Chaque tâche est représentée par une carte que l’on déplace d’une colonne à l’autre en fonction de son état. Ce tableau permet de voir en un coup d’œil où en est le projet. Il permet donc d’intervenir rapidement pour résoudre les éventuels problèmes rencontrés (les tâches répertoriées dans la colonne Bloqué entre autres).
  • L’optimisation du temps de réalisation des tâches. Dès qu’un goulot d’étranglement apparait et bloque le flux, il doit être corrigé.
  • La limitation du nombre de tâches en cours dans chaque étape du flux pour ne pas surcharger les équipes. Tant qu’on ne termine pas une tâche dans le flux, il n’est pas possible d’en ajouter une nouvelle. Ce point permet de cadencer la production.

Kanban met l’accent sur l’autonomie des personnes et sur une collaboration accrue au cours du projet. Contrairement à Scrum, il n’y a pas de rôles spécifiques attachés à Kanban. Par défaut, toutes les personnes impliquées dans le projet ont accès au tableau et peuvent librement modifier l’état des cartes qui leur sont attribuées. Toutefois, dans les faits, le chef de projet gère le tableau. Il s’assure que les tâches prioritaires ou qui présentent le plus de dépendances soient traitées au moment opportun.

Par ailleurs, le modèle de tableau utilisé ainsi que le contenu des cartes ne sont pas standardisés par le framework Kanban. Il s’agit de conventions décidées d’un commun accord par l’équipe en début de projet. Ainsi, il est possible, par exemple, de représenter le flux de travail des membres de l’équipe plutôt que ceux d’un projet (chaque ligne est associée à une personne), d’attribuer ou non des dates de réalisation aux tâches…

Bon à savoir

Il est très difficile de planifier un projet sur plusieurs mois avec ce framework. Néanmoins, ce dispositif de management visuel et participatif est efficace pour la gestion du quotidien de l’équipe.

On utilise souvent les outils Kanban avec le framework Scrum pour le développement de produit : on parle alors d’approche Scrumban.

Envie d’explorer un peu plus en détail les méthodes Scrum et Kanban ? C’est par ici que cela se passe !

Focus : Agile@scale, démultiplier l’agilité à grande échelle

La majorité des méthodes Agiles se heurtent à un problème de taille. La taille de l’équipe en l’occurrence : difficile de maintenir le consensus et une communication claire au-delà d’une dizaine de collaborateurs sur un même projet. Toutefois, depuis quelques années, les pratiques observées dans les entreprises ont fait émerger le concept d’Agile@Scale ou agilité à l’échelle en français.

Agile@scale ajoute des principes de coordination des équipes et de nouveaux rôles aux principes et rôles déterminés par le framework adopté par les équipes. Ainsi, jusqu’à 150 personnes peuvent travailler de concert sur un même projet en utilisant un référentiel commun (SAFe, LeSS, Nexus ou Spotify par exemple).

SAFe (Scaled Agile Framework) : lorsque l’entreprise devient agile

De quoi s’agit-il ?

SAFe est le référentiel d’Agile@scale le plus utilisé pour accompagner la transformation des entreprises vers un modèle d’organisation et de gouvernance plus agile. L’idée est d’étendre les principes et pratiques Agile et Lean à toutes les fonctions de l’entreprise, pour aligner leurs activités vers la réalisation d’un objectif commun.

Toutes les équipes fonctionnent selon la méthode agile Scrum (parfois complétée par des éléments et artefacts issus d’autres frameworks Agile). SAFe ajoute à ce framework 2 principes, qui vont aider les équipes à atteindre l’objectif commun de l’entreprise :

  • Le cadencement : les équipes Scrum travaillent en cadence, c’est-à-dire sur des sprints de même durée démarrant et se terminant en même temps.
  • La synchronisation : les différentes équipes se coordonnent lors d’événements spécifiques aux différents niveaux de l’organisation, pour définir les prochains objectifs ou livrables à réaliser.

Côté mise en œuvre, on répartit les rôles, process et pratiques SAFe sur 4 couches :

  • la couche Team regroupe les équipes travaillant en Agile et dont les itérations sont synchronisées. Il s’agit de la couche opérationnelle de l’organisation.
  • la couche Program organise la synchronisation des équipes de la couche Team en les cadençant dans un Agile Release Train, un mode d’organisation servant à produire un ou plusieurs produits livrables cohérents. L’ensemble des participants se réunit pour définir les objectifs communs à atteindre à intervalles réguliers.
  • la couche Large Solution aligne plusieurs Agile Release Trains quand un seul ne suffit pas (au-delà de 120 à 150 personnes).
  • la couche Portfolio permet d’embarquer les fonctions de planification stratégique de l’entreprise dans la démarche SAFe (budget, architecture…).

Selon la maturité et la taille de l’organisation, on déploie SAFe au minimum sur les deux premières couches (Team et Program) ou bien sur l’ensemble des couches en fonction des objectifs de l’entreprise.

Bon à savoir

Le référentiel SAFe fait l’objet de nombreuses critiques. On met souvent en cause la rigidité du processus de mise en place et le retrait d’une partie de la liberté des équipes à prendre des décisions par elles-mêmes. Les critiques les plus sévères qualifient le référentiel SAFe d’anti-Agile.

De plus, il est important de noter que le référentiel SAFe va au-delà de la transformation de l’organisation et des processus de travail d’une entreprise. En effet, sa mise en place entraîne un changement profond de la culture de l’entreprise et de ses valeurs. Par conséquent, il est nécessaire de prévoir un dispositif d’accompagnement à ces changements culturels, pour garantir le succès de la démarche.

Lean : pour sortir des méthodes Agiles

De quoi s’agit-il ?

Le Lean et l’Agile ont en commun d’être des approches qui modifient l’organisation du travail de manière radicale en impliquant les équipes dans la réussite de l’entreprise. Lean comme Agile ont donné naissance à des frameworks et des outils qui permettent de produire rapidement tout en répondant aux demandes des clients.

Néanmoins, les deux approches visent des objectifs différents. Dans les méthodes Agiles, les itérations permettent d’améliorer un produit qui fonctionne, par l’ajout ou l’optimisation de fonctionnalités. En Lean, on s’attache à optimiser les processus de production (qualité, coûts, délais). Ainsi, l’équipe devient plus efficace, et donc délivre plus de valeur au client.

L’approche Lean repose sur plusieurs principes :

  • Traquer le gaspillage sous toutes ses formes tout au long de la chaine de valeur. D’un cycle de développement à l’autre, on s’attache à améliorer les processus et procédures de travail. Le but est donc de gagner en efficacité et supprimer les tâches n’apportant pas de valeur ajoutée au client.
  • Comprendre les raisons d’un objectif manqué. Le Lean mesure et analyse les performances autant que possible. L’objectif est d’identifier les points faibles dans l’organisation du travail ou les compétences de l’équipe. Une conséquence de ce principe est la nécessité de faire monter en compétences les personnes en continu.
  • Communiquer pour identifier les solutions adaptées. La communication est essentielle en Lean. Elle permet de collecter des retours terrain. Et surtout de comprendre en profondeur le problème du client pour apporter la solution appropriée.

Bon à savoir

Le Lean favorise le management visuel pour favoriser la communication et simplifier la prise de décisions. L’idée est que chacun peut contribuer à améliorer un processus, sans nécessairement être un expert en management. La méthode Agile Kanban est un des produits de la pensée Lean.

Les approches Lean et des Méthodes Agiles ne sont pas incompatibles, bien au contraire. Dans de nombreuses entreprises, ces deux systèmes cohabitent pour créer des produits et services à forte valeur ajoutée pour le client, tout en en optimisant les chaines de production.

Envie d’aller plus loin dans les méthodes Agiles  ?

Envie d’explorer un peu plus en détail les méthodes Scrum et Kanban ? C’est par ici que cela se passe !

Et si vous souhaitez voir les concepts décrits ci-dessus en action, prenez rendez-vous avec nos experts 🙂

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